Sylvie Leprêtre Alderney Street
Je croyais t'aimer et je t'aimais et j'avais
Très
Mal aux yeux ( trinité sainte des points et traits...)
Londres ancien ne m'abandonne pas dans ce smog des jours d'espoir, lorsque nous marchions dans un sanglant tableau de Turner, Piccadilly le soir...
J'arrivais à Victoria Station (prononcé "à la française") son béton lessivé puis ce fut ta chambre anglaise
Ton lit ton corps tes seins ta hâte tes cheveux noirs tes cris de petite chatte la salle de bain où je mettais mon penny dans une fente : je me sentais chez moi, épaté, bien à l'aise !
Plusieurs de tes portraits, mon amour-monstre : dans un pub de Soho (hello jolies fléchettes !) ruche zébrée de miroirs chiure-mouchés délice de foules toujours ivres
Et moi te caressant la cuisse puis
Errants dans un Piccadilly suisse à l'austérité de banque (rues distraitement lunaires) les pluies de Londres apprivoisant nos rêves
Lunes cravachées de chaînes et d'aciers teds punks livides plombés de pintes brunes chaleur des heures de fer de ce mois de septembre où le premier Jean-Paul mourrait
Toutes les gloires fières ou fripées de cet empire jauni tournent à jamais sous le même reflet
L'aigre lumière
Odeurs maigres
Fish and chips et curry
Paki's grocery
Près du Marquee...
Et comment se protéger le cœur ?
Les noirs canards de Trafalgar : nous les contemplâmes, abandonnés l'un à l'autre, mon âme, et nous tenant bien serrés...
Qu'es-tu devenue, petite Sylvie brune et gracile, tandis que je me noie dans tes cheveux par-delà les heures et le temps ?
Instantanés surgis du Néant j'ai compris votre force vive, et mon émoi : l 'Amour est fluide, qui s'écoule comme les pluies d'automne, et disparaît avec elles ; mais c'est pour mieux ressurgir, peut-être... ainsi soit-elle... ainsi sois moi...